Capteurs de rêves et inspirations

Aussi appelés attrape-rêves ou encore pièges à rêves, ces objets traditionnels trouvent leur origine chez les peuples autochtones d’Amérique du Nord, et a priori en particulier dans la tribu des Ojibwés. Confectionné avec un cerceau de saule et un filet qui évoque une toile d’araignée, le capteur de rêve protège le dormeur en filtrant les mauvais rêves et en ne laissant passer que les bons.

Capteurs de rêves, légende et inspirations

Une légende à l’origine des attrape-rêves

Il existe de nombreuses légendes qui racontent l’origine du piège à rêves, mais voilà celle que j’ai envie de vous partager.

Le mot ojibwé pour capteur de rêves est asabikeshiinh, qui signifie « araignée ». La tribu est en effet sous la protection d’Asibikaashi, la Femme-araignée, qui veille en particulier sur les bébés et les enfants. Lorsque la tribu a commencé à s’étendre sur le territoire, il est devenu difficile pour la déesse de protéger tous les membres qui migraient plus loin ; elle a donc créé le premier attrape-rêves, et les mères et grands-mères de la tribu ont pris le relai pour la seconder. Cette tradition s’est ensuite transmise au-delà des Ojibwés…

Une autre fonction du capteur de rêves semble être de mieux se souvenir des rêves les plus importants faits durant la nuit. En effet, les autochtones du Canada notamment (dont les Ojibwés) prêtent beaucoup d’attention aux rêves qui font partie de leur spiritualité. D’ailleurs, là où nous disons « faire un rêve », eux disent « avoir un rêve », comme une vision, un message envoyé par le subconscient ou par une entité spirituelle.

Revenons à la symbolique de l’araignée. C’est drôle quand on y pense : chez nous tant de gens en ont peur, ce qui n’empêche pas l’engouement pour les pièges à rêves que l’on trouve un peu partout et sous toutes les formes dans le commerce. En voilà un drôle de paradoxe : pour beaucoup, l’araignée serait plutôt une figure de cauchemar… Mais il est vrai que nous ne voyons pas forcément l’arachnide lorsque nous évoquons cet objet : d’ailleurs je me rends compte que dans ce dessin par exemple, les filets ressemblent plutôt à des rosaces. La prochaine fois j’aurai bien la toile d’araignée en tête !

Rêveuse, dessin à l'encre noir et blanc A4 Lysiane Binet
Rêveuse, dessin original au format A4

Une anecdote personnelle

Ce qui est marrant aussi, c’est que je ne suis absolument pas superstitieuse et que je ne crois pas aux porte-bonheurs, à part peut-être pour leur fonction d’auto-suggestion et de pensée positive (et à mon avis, la pensée c’est hyper-puissant). Je vais juste vous raconter une petite histoire : comme la plupart des enfants sans doute, les miens ont eu des périodes de cauchemars. Mon cadet en faisait vraiment beaucoup autour de 3 ans, et nous avons pensé aux pièges à rêves : pourquoi pas, on ne sait jamais ? Après tout, ce serait un peu comme la plume « magique » de Dumbo ! En plus c’est très décoratif, moi j’ai toujours aimé cet objet. Lors d’un marché de Noël (aux Loups de Chabrières près de Guéret très précisément, dans une ambiance très propice en plus) il a donc choisi son piège à rêves, et son frère de même. En principe, chaque capteur de rêves est différent et est destiné à une personne en particulier. Du coup, comme nous ne confectionnons pas nous-mêmes les attrape-rêves pour nos enfants (on pourrait le faire, mais je n’y ai même pas pensé), alors le meilleur moyen c’est que ce soit l’enfant qui choisisse son attrape-rêves. Et en effet, malgré le grand choix parmi les magnifiques modèles artisanaux, chacun a immédiatement eu son coup de cœur… ce qui nous a bien étonnés, surtout de la part de notre aîné qui est souvent très indécis ! Et la suite me direz-vous ? Eh bien dès le lendemain, plus de cauchemars… Il y en a peut-être encore eu un de temps en temps, mais je ne m’en souviens même pas tellement ils ont dû être rares. Pensée positive ? Magie ? Peu importe tant que le sommeil est plus serein.

Et puis aussi, il parait que le capteur de rêves doit être placé de façon à ce que la lumière du soleil puisse passer à travers : donc pas contre un mur et idéalement au-dessus ou près du lit, sinon près d’une fenêtre. Au lever du soleil, les cauchemars ainsi piégés seraient détruits par les premiers rayons de lumière, tandis que les jolis rêves glisseraient le long des plumes pour être déposés en douceur sur l’enfant endormi. Mais bien sûr, on peut aussi très bien utiliser un piège à rêves uniquement comme objet de déco, personnellement j’en ai même sous forme d’imprimés sur mes rideaux et parure de lit ! Cela reste une jolie façon de voir les choses, un peu de magie et de poésie dans nos vies ne fait pas de mal…

Source d’inspiration

Ayant depuis le tout début de mon adolescence un très fort intérêt pour la culture amérindienne d’Amérique du Nord, il est tout à fait logique que ce type d’objets me plaise. J’ai toujours été très touchée par le sort subi par les tribus autochtones d’Amérique, et par les génocides de façon générale, dont certains ne sont toujours pas reconnus. Je trouve ces cultures très inspirantes, j’aime leurs légendes, leur artisanat, leurs musiques… Je me demande bien pourquoi je n’en dessine pas plus ! Ah si, je sais, je mets à la poubelle parce que je ne suis pas satisfaite. J’ai dessiné récemment un chamane au tambour et je n’ai pas osé le publier. J’ai très envie de dessiner la Femme-araignée, que je découvre en rédigeant cet article : je n’avais jamais été chercher l’origine exacte de l’attrape-rêves jusque là… J’espère donc pouvoir vous présenter ce dessin bientôt !

Capteur de rêve et tatou, dessin à l'encre Lysiane Binet

Aller plus loin… Rêves, culture et psychanalyse

Cela me revient en tête au moment de conclure cet article, je repense à ce film très intéressant inspiré du travail de l’anthropologue et ethnopsychanaliste Georges Devereux, dont l’ouvrage Psychothérapie d’un Indien des Plaines : réalités et rêve a été utilisé pour l’adaptation du scénario.

Jimmy P. (Psychothérapie d’un Indien des Plaines) est un film français sorti en 2013 et qui raconte les rapports médicaux et humains du thérapeute avec son patient Jimmy Picard, un Amérindien de la tribu des Pieds-Noirs. Ce patient vétéran de la Seconde Guerre mondiale souffre de troubles post-traumatiques ayant pour source profonde son vécu personnel, à la fois dans ses rapports familiaux et dans la confrontation de ses origines ethniques à la culture de l’Amérique blanche. Le thérapeute va surtout s’attacher à interpréter les rêves de Jimmy Picard, en utilisant à la fois l’anthropologie et les mythes amérindiens, et la psychanalyse. Personnellement je n’adhère pas spécialement à la psychanalyse freudienne, mais le côté mixte justement et l’interprétation des rêves en fonction de la culture étaient très intéressants. Un film à (re)découvrir donc !

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