Une fois n’est pas coutume, j’ai lu le livre d’origine après en avoir vu une adaptation au cinéma. Il y en a eu un certain nombre je crois, mais j’avoue que c’était le premier film que je voyais d’après cette œuvre majeure d’Alexandre Dumas. J’en connaissais le sujet bien sûr, mais c’est tout. Eh bien, je suis sortie du cinéma avec l’impression d’avoir vécu quelque chose de grandiose, c’est le genre de film qui vous laisse dans un état particulier encore quelques heures après. Les 178 minutes sont passées très vite. Les goûts et les impressions sont aussi variées que les individus, mais pour ma part, en tous cas sans avoir lu le roman avant, j’ai franchement adoré et cela m’a donné envie de découvrir l’œuvre originale. C’était le premier livre d’Alexandre Dumas que je lisais (eh oui), et j’ai été vraiment très agréablement surprise par la facilité de lecture (il a été achevé d’écrire en 1844). Comparé à Jules Verne, dont j’ai lu et apprécié un certain nombre de romans durant mon adolescence, la façon d’écrire m’a semblé beaucoup plus fluide, et certaines phrases sont juste savoureuses. J’ai aussi pu découvrir les différences avec le film, et je comprends les déçus. Certains choix peuvent être contestés, et certains aspects auraient pu être mieux respectés ; mais une adaptation cinématographique ne peut jamais être totalement fidèle, et dans l’ensemble j’ai trouvé que l’esprit du livre était bien rendu. Pierre Niney en Edmond Dantès est juste parfait !

Pierre Niney dans Le Comte de Monte-Cristo
En tous cas, ce roman rejoint les quelques lectures qui m’ont tenue en haleine tout du long, pendant lesquelles il est difficile de s’arrêter (mais il faut bien dormir un peu la nuit), auxquelles on continue à penser pendant la journée en ayant hâte d’arriver au soir pour se replonger dedans, et desquelles on ressort avec cette sensation de regret que ce soit déjà fini, avec le besoin de laisser du temps avant de commencer une autre lecture qui risque de manquer de saveur et de grandiose. Peut-être connaissez-vous ces sensations ? Pour moi cela a aussi été le cas pour Le Seigneur des Anneaux de JRR Tolkien, le cycle des robots d’Isaac Asimov ou encore La Fille du roi des elfes de Lord Dunsany. Et beaucoup plus récent, un roman d’anticipation qui m’a fait le même effet et que je vous invite fortement à découvrir tellement il est exceptionnel, L’Aube de la Nouvelle Humanité de Daniel Miles (je le verrais très bien adapté au cinéma !) Dans un prochain article je vous parlerai de cet auteur creusois dont j’aime beaucoup les textes et la très fertile imagination, que ce soit en science-fiction, fantasy, jeunesse ou encore en poésie. Nous collaborons d’ailleurs sur un projet de livre à paraître d’ici la fin de l’année, je vous en reparlerai aussi très bientôt, j’ai hâte !
Tout cela pour dire que Le Comte de Monte-Cristo m’a laissé une profonde impression, et que je suis ressortie bien remuée de cette lecture (plus de 1500 pages quand même). Outre l’aspect émotionnel, psychologique et immersif d’un roman (ou d’un film) réussi, j’ai également apprécié le côté historique et politique, essentiel tout au long du récit qui se déroule de 1815 à 1839. L’histoire commence au début du règne de Louis XVIII, au moment où Napoléon se prépare à quitter l’île d’Elbe pour reprendre le pouvoir – les fameux Cent Jours –, ce fait étant directement lié au destin d’Edmond Dantès. J’ai donc appris pas mal de choses sur cette époque instable que je ne connais pas trop, et que l’on n’étudie pas beaucoup à l’école.
Notons enfin que ce chef d’œuvre a été écrit avec la collaboration d’Auguste Maquet, fait intéressant et pourtant ignoré – personnellement je ne le savais pas, et c’était fort instructif de découvrir les dessous de l’histoire dans les annexes (aux éditions Folio, en deux tomes).
Voilà, j’avais envie de vous partager mon enthousiasme suite à la découverte de cette magistrale histoire de vengeance qui explore en profondeur les caractères, sentiments et émotions des différents personnages, et qui nous plonge dans des méandres obscurs et passionnants dont on ne ressort pas tout à fait indemne.
Quelques citations choisies…
La différence entre trahison et patriotisme n’est qu’une question de dates.
J’ai toujours eu plus peur d’une plume, d’un flacon d’encre et d’une feuille de papier que d’une épée ou d’un pistolet.
Les blessures morales ont cela de particulier qu’elles se cachent, mais ne se referment pas ; toujours douloureuses, toujours prêtes à saigner quand on les touche, elles restent vives et béantes dans le cœur.
